La Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA) s’engage en faveur des droits de l’homme et du maintien de la démocratie selon la conception suisse.
Le nouveau rapport de la GRA et de la GMS est disponible.
Il est préoccupant de constater que les marches d’extrême droite ont fortement augmenté. La grande proportion d’incidents racistes verbaux dans l’espace public est également frappante. Le racisme structurel et institutionnel est particulièrement fréquent, comme le montre l’analyse des déclarations directes faites par les personnes concernées aux fondations.
Un autre thème qui a dominé les médias suisses l’année dernière et qui a donné lieu à des débats houleux et peu constructifs est celui de la soi-disant appropriation culturelle. Pour discuter de la politique identitaire de la gauche, nous avons mené des interviews de fond avec Yebooa Ofosu, spécialiste des sciences culturelles, et Oliver Strijbis, spécialiste des sciences politiques.
L’interview avec le professeur Daniel Jositsch sur la situation juridique actuelle concernant l’interdiction des symboles nazis
Monsieur Jositsch, fin 2021, pas moins de trois interventions politiques ont été déposées pour demander l’interdiction des symboles extrémistes ou nationaux-socialistes. Comment interprétez-vous cette évolution ?
Les parlementaires sont à même de capter les tendances de l’époque et d’aborder les sujets qui préoccupent la société. Les protestations contre les mesures du COVID ont fait émerger des groupes de droite participant aux manifestations. En même temps, les rapprochements avec le national-socialisme, par exemple avec l’étoile jaune, se multiplient lors de ces protestations. Une partie de la société réclame donc un signe clair du côté de la politique, ce qui a été réalisé avec ces interventions.
Une interdiction des symboles nationaux-socialistes fait toujours l’objet de discussions au Parlement. Il y a 15 ans, vous vous prononciez également en faveur d’une interdiction lorsque le projet du Conseil fédéral avait été présenté en consultation. Finalement, le thème a été abandonné. Pourquoi ?
Il convient pour cela de comprendre la genèse de la norme pénale contre le racisme. Lorsque celle-ci a été soumise au vote du peuple au milieu des années 90, certains milieux ont estimé que la liberté d’expression était en danger. Pour des raisons stratégiques, il a été décidé que la norme serait plutôt « allégée » afin d’augmenter au maximum les chances d’acceptation dans les urnes. Mais déjà à cette époque, on envisageait un éventuel rajout des symboles dans l’avenir. Aujourd’hui, la norme pénale contre le racisme est moins discutée, un rajout n’est donc peut-être pas si irréaliste.
Une interdiction serait-elle vraiment applicable ?
Je pense que dans ce débat, il est important de maintenir des attentes réalistes. Le simple fait que de tels symboles réapparaissent constamment sous des formes légèrement différentes rend l’application d’une interdiction extrêmement difficile. Espérer qu’en cas d’interdiction, on ne verra plus de tels symboles dans l’espace public n’est pas réaliste. Cependant, s’il s’agit avant tout de montrer que les idéologies dénigrantes ne sont pas tolérées dans l’espace public, une interdiction peut avoir du sens. Le blanchiment d’argent est également interdit, même si cela ne permet pas de l’empêcher.
Si une loi seule ne suffit pas, que faut-il en plus pour lutter contre la propagation et le pouvoir d’attraction de tels symboles ?
Le meilleur moyen, et sans doute le plus durable, est le travail de prévention et d’éducation. La nouvelle génération doit savoir exactement ce que représentent ces symboles et pourquoi ils ne doivent en aucun cas être banalisés ou utilisés pour servir son propre agenda politique. Ce savoir doit être transmis de manière à ce qu’il corresponde aussi à la réalité de la vie des jeunes générations.
Informations personnelles :
Prof. Dr. iur. Daniel Jositsch est conseiller aux Etats et professeur de droit pénal et de procédure pénale à l’université de Zurich. Il est également membre de la Commission des institutions politiques, membre de la Délégation auprès de l’Union interparlementaire et, depuis 2018, vice-président du Groupe socialiste.
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20.03.2022
Rapport racisme 2021
Le nouveau rapport sur le racisme de la GRA, Fondation contre le racisme et l’antisémitisme, et de la GMS, Société pour les minorités en Suisse, thématise, à l’occasion de la Semaine internationale contre le racisme, les incidents racistes de l’année écoulée. En 2021, les détériorations de biens et les graffitis portant des symboles nationaux-socialistes dans l’espace public ont été particulièrement nombreux. Des croix gammées ou des étoiles jaunes sont également apparues de plus en plus souvent dans le cadre de protestations contre les mesures de préventions contre le COVID, tentant d’établir une comparaison entre la situation politique actuelle et le régime national-socialiste.
Le Conseil fédéral rejette la motion qui demande une interdiction sans exception des symboles nazis dans l’espace public. Ceci est incompréhensible et dangereux. La croix gammée et le salut hitlérien n’ont pas leur place en Suisse. La GRA Fondation contre le racisme et l’antisémitisme lance aujourd’hui une pétition adressée au Conseil national et au Conseil des États.
«Avec notre pétition, nous demandons au Conseil national et au Conseil des États d’envoyer un signal clair contre le racisme et l’antisémitisme» déclare Pascal Pernet, président de la GRA Fondation.
Le Conseil fédéral écrit qu’il est «convaincu que la prévention est une meilleure solution que la répression pénale contre l’utilisation des symboles nazis sans intention de propagande».
La GRA se positionne ainsi: oui à la prévention mais sans renoncer au reste par ailleurs! Bien sûr que la prévention est importante pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme. Si des symboles nazis tels que des croix gammées ou des saluts hitlériens sont néanmoins utilisés, le droit pénal doit intervenir. Une interdiction avec une disposition pénale claire est nécessaire.
Avec la pétition lancée ce jour, nous demandons à tous les membres du Conseil national et du Conseil des États d’adopter les interventions parlementaires suivantes et de donner ainsi un signal sans équivoque contre le racisme et l’antisémitisme.
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